Avec sa collection « Roll », Anrealage invite la technologie, mais de façon moins spectaculaire qu’à son habitude. Les techniques s’invitent cette saison avec discrétion et se mettent au service d’une poésie qui anime de vrais vêtements. Le thème de la collection est roll, un rouleau (et pour quoi pas un maki en japonais ?).
Le tissu est utilisé à partir de son rouleau d’origine en volume. Élaborées avec l’artiste Kohei Nawa, les deux premières pièces ont été construites, sculptées dans la matière des rouleaux de denim (300mètres de long). Demeurées visibles sur le podium, les deux robes tournaient sans fin, entourées d’une mer de poussière de jean (les rebuts de la fabrication). À partir de ces différentes couches de tissus a surgi la structure de la coupe transversale d’un arbre donnant à voir les anneaux qui le composent (la dendrochronologie permet ainsi de dater les bois en comptant les cernes).
Le créateur a choisi cette vision de cercles concentriques comme la continuation d’un cycle sans fin. Si le bleu jean, magnifiquement réinterprété, innerve une partie de la collection, le marron des arbres, du bois, s’impose majestueux ainsi dans un ample manteau extraordinaire (plus spectaculaire vu de côté). S’ajoute un précieux travail de broderies artisanales dans les détails, rosaces.
J’ai vu marcher les arbres de Macbeth et je m’imagine déjà avec ce manteau.
« J’ai regardé Birnam, et, là, j’ai cru
Que la forêt se mettait à bouger. »