Plongée dans l’univers d’un créateur qui a multiplié les passerelles avec l’art et la musique de son époque. Acteur majeur de la mode française, Jean-Charles de Castelbajac a créé un univers très signé avec ses dessins, sa fantaisie, ses références à l’art… Sa mode a rencontré des artistes, des héros de dessins animés, de bandes dessinées et les a intégrés dans des vêtements. Son univers ludique se redécouvre au fil des pages d’un ouvrage qui lui rend hommage.
À ses débuts, Jean-Charles de Castelbajac crée déjà aux côtés de sa mère, notamment pour le label KO and Co (rebaptisé en 1968). Déjà s’invitent des thématiques qui deviendront des leitmotivs : l’utilisation de couvertures, de plastiques colorés… Tokio Kumagaï, Kenzo, Chantal Thomass participeront aussi à l’aventure KO& Co.
Surnommé le Courrèges des années 70, Jean-Charles de Castelbajac s’intéresse de près à la fonction du vêtement. Les couvertures sont toujours présentes, confort, survie. Les bandes élastiques (genre Velpeau) se drapent en robes. Le plastique devient doudoune damier pour enfermer des plumes, des cartes postales,… dans une vision d’un vêtement ludique, fantaisiste. Sans oublier l’imper pour deux qui se dézippe et alterne union et séparation.
Ses dessins, cernés d’un trait noir, privilégient les couleurs primaires et composent une grammaire poétique d’anges, de fantômes qu’il n’hésite pas à crayonner sur les murs. L’écriture s’invite également avec ses robes poèmes, mais aussi dans la fantaisie de robes livres (en motif de couverture). L’enfance n’est jamais loin avec son cortège de héros issus de Walt Disney, mais aussi Babar, le Petit prince… sans oublier des auteurs de dessin comme Guy Peellaert et sa Pravda. Vestes en ours en peluche dont un modèle porté par Vanessa Paradis dans sa version Snoopy ou Estelle Lefébure en teddy. Si Keith Haring lui avait dessiné un carton d’invitation, cette amitié se prolongera avec la fondation et donnera naissance à toute une série de modèles.
Sur ses robes sont intervenus de grands artistes : Ben, Jean-Charles Blais, Garrouste,… Ses robes pop se sont intéressées à la société de consommation et sa récupération en art ; Shell, Campbell, Lucky Strike,… et lui ont donné aussi l’occasion de la dérision avec des jeux de mots.
Une collection démesurée, oversized façon Gulliver, très originale pour l’époque et qui a aujourd’hui une joyeuse postérité. Une collection suprématiste sous influence Malevitch. Woman Ray reprend de magnifiques imprimés photographiques de Man Ray. Quelques robes historiques : Napoléon, Einstein… Des robes alphabet façon planche d’ophtalmologiste. Robe tagliatelles, couleur pâtes fraîches… Inspiration Légo pour jouer… Jean-Charles de Castelbajac touche à tout avec enthousiasme.
Vraie signature de mode, il passe du vêtement fonctionnel voire de protection à une joyeuse exubérance haute en couleurs.
Dans sa carrière, il y eut aussi des créations pour Iceberg, un épisode Courrèges, la réalisation de costumes pour l’église catholique…
Au final, une oeuvre foisonnante à (re)découvrir absolument.
Éditions YellowKorner.
grand bonhomme
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Un style tellement reconnaissable. L’originalité dans toute sa beauté.
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