En ouverture, une photographie de Veruschka avec un maquillage félin fusionne l’homme (en l’occurrence la femme) avec la notion d’animalité pour se fondre dans une nouvelle jungle, un retour aux sources sous l’oeil de Franco Rubartelli. Avec l’exposition Jungle, la mode célèbre ses inspirations animalières au travers d’un centaine de vêtements à Turin à la Venaria Reale.
Si l’homme a sans doute commencé par se vêtir de peaux de bête pour se protéger du froid, il s’est ensuite éloigné de cette animalité même si la fourrure est demeurée un des choix de l’hiver augmenté d’une certaine idée de luxe (aujourd’hui un peu dépassée et surtout remise en question). L’invention des zoos (Londres en 1828) a permis une meilleure connaissance d’animaux exotiques venant de contrées lointaines. Pour Desmond Morris : « Il ne faut pas comparer le citadin avec l’animal sauvage, mais avec l’animal captif ». Un citadin en tenue fauve serait alors deux fois plus « captif » ?
Ces fauves en cage sont venus réveiller la mode. Avec les motifs animaliers, la femme joue à la sauvage, se « déguise » en animal en prenant les attributs d’un pelage, adoptant des rayures, des zébrures, des taches… pour s’offrir une animalité de parade. D’exotiques vêtements seconde peau, allusion à une première peau chez les animaux.
La majesté, l’allure de certains animaux a fait rêver et la mode s’en est emparée. Déjà Christian Dior eut l’exclusivité d’un imprimé « léopard » Bianchini Ferier pour deux ans et il utilisa régulièrement des motifs « fauves ». Pour le couturier : « le léopard convient aux femmes plutôt sophistiquées ». Apanage du pouvoir, le vrai léopard signe les tenues d’apparat d‘hommes politiques comme pour Mobutu et sa toque, surnommé le Léopard du Zaïre…
Les fauves
Source d’inspiration sans fin, les fauves s’impriment à foison et sont qualifiés en vrac et dans le flou de « léopard ». Les robes léopard amplifient l’idée de sexualité chez la femme qui porte ces motifs. Plusieurs salles rugissent de ces imprimés que l’on retrouve au plus près du corps dans les sculptures d’Alaïa et en pleine gloire et multiples variations chez les créateurs italiens comme Versace, Dolce & Gabbana, Valentino, Cavalli… avec un côté baroque. Ce type de motif est-il particulièrement propre à la mode italienne dans sa vision d’une femme éminemment sensuelle, féline ? Parfois du baroque au kitsch la frontière est ténue…
Savane
Le zèbre et ses belles rayures op noir et blanc offre son oblitération graphique à la mode. La girafe est aussi un modèle avec sa robe tachetée géométrique dans un camaïeu marron beige.
Oiseaux et plumes
Hors imprimés s’invitent aussi des éléments comme les plumes qui ont eu leur heure de gloire avec la couture et qui sont aujourd’hui un peu tombées en désuétude avec de moins en moins de plumassiers, mais elles se posent encore sur des vêtements et ornent régulièrement des chapeaux. Maurizio Galante crée des silhouettes animalières sur des résilles et ajoute des plumes dans un enchevêtrement baroque.
Insectes
Ailes de papillons, ocelles multicolores inspirent par leurs gammes incroyables. Les formes d’insectes ont aussi été utilisées par Thierry Mugler dans une extraordinaire collection de couture. Inspirations papillons chez Jean Paul Gaultier et pour le prochain hiver chez Undercover. Une vision futuriste des insectes se découvre dans les incroyables robes alien d’Iris van Herpen.`
Dans le décor du palais ont été construites des structures fantastiques en bois et s’invitent les différentes thématiques autour de l’animalité. Imprimés léopard, tissus tachetés, zébrés.. Un paradoxe que l’homme s’éloignant de l’animalité y revienne par le biais de la mode.
Pour Jungle L’immaginerio animale nella Mode, Un intéressant catalogue ma solo in italiano… avec des dérives vers l’art (des miniatures médiévales à Meret Oppenheim sans oublier la photo (Man Ray, Baron von Gloeden..) et la référence à Keynes et les « esprits animaux ».
Roarrrrr !
Veruschka
Gianfranco Ferré
Valentino
Alaïa
Stella Mc Cartney
Maurizio Galante
…
Mugler
Gaultier
Iris van Herpen
Maurizio Galante
tout peut être beau, on le voit bien ici, même ce qui est connoté et souvent à tort car ce qui compte c’est le traitement qui en est fait.
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