Parmi toutes les catégories de bijoux allant de la joaillerie à la fantaisie, il y en a une à part et exceptionnelle, celle des bijoux d’artistes. Diane Venet en a composé une collection qui est aujourd’hui exposée au MAD.
Née spontanément, la collection de Diane Venet a une origine romantique : son époux, le sculpteur Bernar Venet a enroulé une baguette d’argent autour de l’annulaire pour en faire une alliance… C’est le point de départ d’une collection que Diane Venet a assemblée depuis 1985. « Ces bijoux sont aussi pour les artistes l‘occasion de se confronter à des contraintes de matériaux ou d‘échelles différentes ».
Les artistes se sont approchés du bijou un peu comme une récréation, un geste de fantaisie mais seuls quelques uns les ont réalisés par eux mêmes : Harry Bertoia, John Chamberlain, Louise Nevelson ou Alexandre Calder.
Des ateliers
Le plus souvent les bijoux sont réalisés dans des ateliers ainsi celui de François Hugo (descendant de Victor) qui prend le relais pour transformer les intentions artistiques en bijoux. Il commence avec Derain pour qui il crée un Faune, une Crétoise, des Têtes. Il travaille aussi pour Picasso, pour Jean Arp avec des découpages biomorphiques et pour Max Ernst avec masques et têtes.
En Italie, l’atelier de GianCarlo Montebello (Gem Montebello) avec six joailliers, orfèvres et émailleurs a travaillé avec une quarantaine d’artistes dont Man Ray, Pol Bury, Meret Oppenheim, Niki de Saint Phalle, Soto, Arman, Matta.
À partir des années 70 Artcurial a lancé des éditions avec notamment des créations de Berrocal ou Sonia Delaunay.
Une collection idéale
Depuis le surréalisme et Dada, les choix de Diane Venet couvrent pratiquement tous les grands mouvements de la scène artistique au travers des réalisations de 150 artistes.
Des bijoux de Dali avec des boucles d’oreille en forme de téléphone : Persistance du son ou une broche à cheveux : Montre petite cuillère.
De Léonor Fini, des bijoux oniriques avec des cornes torsadées comme celles que portait l’artiste en ornement de tête.
Man Ray, des bijoux gros plans de visages dont des pendentifs spirales qu’arborait Catherine Deneuve dans Belle de jour et un masque Optic Topic comme un loup de carnaval.
Dorothea Tanning avec Miss Octopus, au potentiel érotique.
Niki de Saint Phalle avec des broches nana, un visage en collier.
Fontana, le spatialiste italien multiplie les entailles, les perforations.
Penone pose l’empreinte de sa main sur une feuille d’or, en collier.
Orlan avec une de ses self-hybridations, avatar en broche : Tête de Fou.
Louise Bourgeois avec une araignée broche « Maman » et un collier Barre de métal pour enserrer, emprisonner le cou de la femme qui va le porter.
Raymond Hains avec Seita 1, une broche en pochette d’allumettes.
Jacques Villeglé loin de ses affiches ici avec son alphabet socio-politique, des symboles de yens, euros et dollars.
Les mouvements artistiques se reflètent à petite échelle dans ces créations. Le Pop art avec Rauschenberg et son american way of life ou l’esprit bandes dessinées de Lichtenstein.
L’art cinétique avec Bury, le magnétisme avec Takis…
Et évidemment les bagues de Bernar Venet.
Une magnifique exposition, au MAD jusqu’au 8 juillet.
-Niki de Saint Phalle, Broche Nana, 1973, émail, édition Gem Montebello Collection Marina Karella © Sherry Griffin, Brooklyn
-Lucio Fontana, Bracelet Elisse Concetto Spaziale, 1967, édition 5/150 par Gem Montebelloargent, laque, Collection Diane Venet © Philippe Gontier, Paris
-Orlan, Broche Tête de fou, 2010, or, argent, édition 1/8 Arcas, Collection Diane Venet © Sherry Griffin, Brooklyn.
-Salvador Dalí, Broche Cuillère avec montre-peigne, 1957 or, émail, édition de 6, Collection Diane Venet © Philippe Servent, Paris
que des merveilles; mille mercis
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Superbe ! et très original !
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