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Made in Japan
Comme des garçons
Protubérances, excroissances, déformations, le corps féminin se voit augmenté via la parure. Une réflexion vestimentaire sur le corps, la féminité et la maternité ?
En préambule à sa collection, Rei Kawakubo s’est exprimée via un texte. Après plusieurs saisons où l’exploration repoussait les limites d’une création pure allant jusqu’à une quasi abstraction, elle a eu le sentiment d’arriver à la fin de ce processus et a cherché une nouvelle piste. Elle dit : « But I couldn’t find it » et a surgi quelque chose de « deep inside ». Une nouvelle collection toujours évidemment aussi créative, mais aussi marquante dans nombre de ses aspects (bouleversante dit Dominique Issermann).
Avec ce corps augmenté, la porte s’ouvre sur de multiples interprétations. Vénus callipyges de la préhistoire, fantômes de Willendorf, Lespugue, Weinberg, Kostienki… Une collection où le corps se métamorphose, avec parfois un ventre proéminent, stigmate d’une grossesse virtuelle avec fenêtre ouverte (césarienne textile ?) sur un intérieur, dans un tissu différent (papier journal, tatouage…).
Des protubérances aux allures de chair ornée de motifs tatoués. Une exploration différente de la collection « Lumps and bumps » de 1997 qui avait été aussi costume de la création Scenario de Merce Cunningham. Un vêtement seconde peau où la chair affleure, s’échappe du corps et se pose en attribut d’un corps en mutation, complété d’incongrues excroissances.
Vêtement aussi en déconstruction, ouvert, découpé… Présence de chaînes qui prolongent le vêtement et s’invitent en décor sur les chaussures, aliénation ?
Une collection extraordinaire.
Haider Ackermann
Oscillant entre rigueur et légèreté tranquille et floue, Haider Ackermann compose une collection femme où s’invitent des modèles hommes. Élégance d’une gamme de couleurs sobre et chic.
Pantalons étroits ou amples, silhouette sharp versus décontraction. Veste croisée à manches kimono. Une touche d’imprimés avec des motifs op, noir/blanc.
Transparence noire habillée de fleurs blanches.
Tissu orientalisant vert constellé de rayons or, soleil brillant.
Formes amples, noeuds. Détails de broderies. Vestes croisées. Silhouettes sharp et un zeste d’oversized.
Junya Watanabe
Déconstruction, reconstruction, Junya Watanabe revisite avec brio un de ses thèmes de prédilection : le denim. Des patchworks, du rapiéçage, des mélanges. Jolie juxtaposition du jean avec un blanc immaculé. Vêtements ouverts, panneaux. Un signe d’apparat avec les jupons en tulle (danse) associés au jean basique ou retravaillé.
Une touche de dentelle, une pointe d’esprit lingerie intégré subrepticement et discrètement, dessous dehors.
Un denim qui fait oublier le jean classique et qui s’échappe, s’envole vers d’autres sphères où la construction demeure le maître mot. Et de joyeux mélanges où l’hybride mène la danse.
Lutz
En préambule, une réflexion de Lutz autour du vêtement aujourd’hui : « les mères s’habillent comme leurs filles, les filles pillent les placards de leurs mères (ou leurs pères) » et l’idée de « vieux et de neuf n’a plus de raison d’être aujourd’hui » ; d’où une collection qui prône « l’élégance et le classicisme ». Lutz continue une des ses signatures avec ses très réussis vêtements hybrides, assemblage de différents tissus et télescopage de styles.
Ses manches ballons, ailes d’anges prêtes à s’envoler constituent une autre signature, en volume, oversized.
Du denim, des bombers, mais aussi des imprimés à fleurs. Du coton blanc et de la dentelle noire, du jean et des fleurs,…
Une vraie histoire de mode signée et une très belle évolution dans le temps.
Issey Miyake
« Traces of Hands » dessine la collection d’Issey Miyake où la main refaçonne les vêtements à sa guise. Le mot d’ordre est « Dough Dough » signifiant « entortillé, enroulé, froissé, plié, étiré ». Des couleurs vives, des vêtements à déplier, à rouler, à manipuler.
Une collection éminemment joyeuse où les filles ont du plaisir à déambuler dans ces vêtements qui se prêtent au jeu. Des tissus « compressés », kaléidoscope de couleurs.
Des modèles monochromes et des effets bariolés.
Des noeuds, des torsades, le vêtement se déplie, se tord, comme les chapeaux transformables. Aux pieds, des chaussures United Nude. Une jolie bulle de gaieté.
C Frederique Dumoulin
Uma Wang
Créatrice chinoise, Uma Wang développe un style très personnel, poétique et raffiné. Des tissus aux couleurs sobres, une gamme de beiges, de bruns, de gris, d’ivoire dans des matières où la couleur se craquèle, se fendille, se délave, se dissout.
Des formes amples, des robes longues. Des couleurs plus vives cette saison avec un rouge vif ou un rose framboise qui s’opposent au noir, au beige, à l’ocre. Des vestes amples aux formes inspirées de l’esprit kimono. Mélange de matières, superpositions. Rayures bayadères, rose, ocre, noir, blanc, moutarde, marron.
Des sangles, de grands sacs. Basée entre Shanghai et Milan, la créatrice va fêter l’année prochaine ses dix ans de mode ; un très joli parcours et une histoire personnelle et authentique.
Christian Wijnants
Sur fond musical de percussions (tambours japonais), une collection haute en couleurs passant des oppositions franches en bloc à des motifs de fleurs ou de carreaux.
Christian Winants donne pour source d’inspiration l’Asie, un voyage imaginaire du Moyen-Orient à l’extrême Orient. Des motifs inspirés de kimonos vintage.
Des jeux de superpositions, de volumes; assemblages. Chemises et vestes oversized à carrure élargie.
Vêtements hybrides où les motifs et les couleurs s’opposent, se heurtent pour mieux se complèter. Une collection légère et joyeuse.
Ann Demeulemeester
Sébastien Meunier poursuit l’histoire d’Ann Demeulemeester avec des variations sur les codes maison. Des silhouettes essentiellement en noir et blanc, du masculin-féminin ; des sangles, des lanières, des rubans…
Du long, des transparences, du souple et la rigueur des vestes. Le visage des mannequins cette saison s’enveloppe d’un tisssu en transparence, halot de mystère.
Une touche de beige-rose et jeu sur les rayures, évidemment en noir et blanc. Black & White.